Episode 3 : quelles tendances pour la culture scientifique en 2014 ? (3/3)
Première présentation publique de FabLab organisée par Relais d'sciences dans le cadre du programme Inmédiats |
Le rôle nouveau des
conseils régionaux. Elément majeur de changement, le rôle confié aux
régions par la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à
la recherche préparant un « acte 3 » de la décentralisation.
Dorénavant, depuis le 1er janvier 2014, ce n’est plus Universcience
qui va attribuer les crédits nationaux aux territoires, comme cela se faisait
via les DRRT depuis quelques années, mais les conseils régionaux. En effet, ces
crédits (qui représentaient 3,6 M€ pour l’ensemble des territoires en 2013) vont
être versés directement aux régions, par la dotation générale que l’Etat
transfère aux collectivités. Comment les régions vont-elles les affecter ?
Selon quelles stratégies ? La situation peut être très différente d’une
région à l’autre, d’où de nombreuses inquiétudes parmi les acteurs – sans
compter la question du calendrier qui dérape, car à l’heure où j’écris ces
lignes, ni les services de l’état en région, ni les services des régions ne
savent encore comment, concrètement, ils vont pouvoir distribuer ces crédits,
alors que l’année est déjà entamée !
Le repositionnement
d’Universcience. Cette réforme s’accompagne aussi d’un repositionnement du
pôle national de référence qui sort donc du circuit d’attribution des crédits
nationaux aux territoires pour se concentrer, avec une certaine efficacité, sur
le (co)développement d’outils et de méthodes avec les autres acteurs de la CSTI
en France. En témoignent les projets en cours de réalisation cofinancés par le
Programme des Investissements d’Avenir (PIA), comme le programme ESTIM Numérique, qui vise à mutualiser le référencement et la diffusion de l'ensemble des productions réalisées par les acteurs (audio, vidéo, expo, malettes, etc.). De même, se dessine une réduction des mandats pour la
présidence d’Universcience, qui ne pourrait plus assurer en même temps la
présidence du Conseil national de la culture scientifique, technique etindustrielle, coupant ainsi court à tout procès en conflit d’intérêt.
L’implication de
nouveaux acteurs. D’autres organismes pourraient être appelés à jouer un
rôle grandissant dans l’organisation de la CSTI en France, si les propositions
formulées par l’OPECST dans l’un de ses tout derniers rapports (« Faire
connaître et partager les cultures scientifiques, techniques et
industrielles : un impératif » à télécharger ici au format PDF) sont
retenues par le gouvernement.
·
L’IHEST, par exemple, (Institut des Hautes
Etudes pour la Science et la Technique) pourrait être chargé de la création
d’un « centre de communication scientifique » pour faire l’interface
entre les journalistes et le monde scientifique, sur le modèle du Science MediaCentre de Londres.
·
L’OCIM (Office de coopération et d’information
muséales) est de son côté appelé à siéger au Conseil national de la culture
scientifique, technique et industrielle, et à intégrer – enfin ! – la CSTI
dans ses compétences.
·
L’OPECST propose même d’organiser régulièrement
des cafés des sciences dans les assemblées parlementaires, soulignant ainsi la
nécessité d’un meilleur partage de la CSTI avec les élus.
Ajouté à cela, la désignation (antérieure à la publication du rapport de l’OPECST) de l’AMCSTI comme PCN (point de contact national) pour Horizon 2020, le nouveau programme de la commission européenne, et bien évidemment le rôle confié à l’ANRU pour la gestion et le suivi des 100 M€ de financement pour l’appel à projet « CSTI/égalité des chances », les propositions de l’OPECST constituent plutôt une bonne nouvelle pour les promoteurs de la pluralité dans la gouvernance !
Vidéo des débats organisés par l'OPECST à l'Assemblée Nationale le 13 juin 2013
Retour vers le futur.
Ce rapport préconise un retour clair de la tutelle de la CSTI au Ministère de
la recherche, c’est-à-dire un retour à la situation antérieure à la création
d’Universcience, avec en plus la charge de coordonner la dimension transversale
de la CSTI avec les autres ministères, plutôt que de créer une nouvelle
structure interministérielle. Chaque année, l’Etat et les acteurs territoriaux
se rassembleraient lors d’une conférence annuelle pour « débattre des questions touchant à la
stratégie […] et échanger sur les
bonnes pratiques » (p.217 du rapport) – une forme de pérennisation du
Forum national initié par Universcience en 2011 ? Pour garantir la
cohérence nationale et faciliter le travail des acteurs de terrain, les régions
seraient appelées régulièrement à « énoncer
leur stratégie » en lien avec le schéma stratégique proposé par le
Ministère ; des financements spécifiques pourraient être attribués aux
acteurs « têtes de réseaux » qui prennent la responsabilité de
coordonner les acteurs sur leur territoire et de renforcer les
mutualisations ; enfin l’OPECST propose la mise en œuvre d’une double labellisation
permettant aux petites structures de continuer leurs actions sans être soumises
aux mêmes contraintes que les organisations à dimension régionale.
Et les scientifiques
dans tout ça ? Si les universités et centres de recherche sont appelés
par l’OPECST à une mobilisation accrue pour contribuer au « développement
du partage des cultures scientifique, technique et industrielle au sein du
système éducatif » (partie 1), « réduire les inégalités d’accès au
savoir scientifique et technologique » (partie 2), « promouvoir une
culture apaisée du dialogue entre les acteurs de la science, la technique,
l’industrie et le public » (partie 3), aucune recommandation ne leur est
directement adressée pour « simplifier et améliorer la gouvernance »
(partie 4 et dernière partie du rapport). A l’heure de l’autonomie des
universités, au moment où elles doivent élaborer leur stratégie en tenant
compte de leur implantation territoriale et de leur impact socio-économique, on
peut s’étonner de l’absence de recommandation à leur égard en matière de
gouvernance de la CSTI – recommandation qui aurait pu leur être profitable,
étant donné la difficulté de nombre d’entre elles à penser leur politique de
CSTI. De même, considérant les nombreuses réflexions et initiatives prises en
matière de CSTI par les organismes de recherche (comme le récent Forum "Communiquer la science"), il aurait été intéressant de
réfléchir avec eux et l’ensemble des autres parties prenantes au rôle qu’ils
peuvent jouer dans cette nouvelle gouvernance…
Et vous ? Que pensez-vous de cette nouvelle gouvernance
qui se mettrait en place en 2014 ? Discutons-en les 29 et 30 janvier
prochains, au Forum national de la CSTI à Paris !
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