vendredi 23 mars 2012

Co-construire les savoirs de demain

Le 21 mars dernier, à l’invitation de l’équipe du Mundaneum (Mons, Belgique), j’ai donné une conférence intitulée « Numérique et médiation scientifique : co-construire les savoirs de demain ». Pour répondre à plusieurs questions qui m’ont été posées à la suite de cette intervention, je publie ci-après les grandes lignes de ce que j’ai dit, ainsi que les références des expériences, créations et vidéos brièvement évoquées.

Point de départ de la conférence, la préparation par le Mundaneum d’une exposition baptisée «Renaissance 2.0» pour la rentrée 2012. Ce projet, inscrit dans la dynamique Mons 2015 Capitale européenne de la culture, est centré sur la question de l’organisation et de l’accès aux connaissances à l’ère digitale. Ayant repéré l’expo «Tous connectés ?» à la Cité des Sciences et de l’Industrie, l’équipe du Mundaneum souhaitait rencontrer la Casemate pour discuter sur une éventuelle collaboration et échanger des idées sur ce sujet ambitieux. Entretemps, le lancement officiel du projet INMEDIATS, cofinancé par les Investissements d’Avenir, renforça un peu plus encore l’intérêt du Mondaneum pour notre démarche.

Qu’est-ce que le Mundaneum ?
Mundaneum
Souvent qualifié de « Google de papier », le Mundaneum témoigne d’une expérience étonnante, menée à l’articulation des 19ème et 20ème siècles par Paul Otlet et Henri La Fontaine, d’indexation par un système complexe de classification par fiches de l’ensemble de la connaissance publiée à leur époque. Destinées prioritairement aux chercheurs, les milliers de fiches étaient rédigées à la main dans plusieurs langues par des correspondants disséminés dans le monde entier. Brutalement stoppée par la seconde guerre mondiale et par la disparition de ses deux fondateurs visionnaires, cette expérience est aujourd’hui tirée de l’oubli par la volonté du Premier Ministre Belrge, Elio di Rupo (également bourgmestre de Mons) et de l’entreprise Google qui vient de signer un partenariat avec le Mundaneum [voir cette vidéo], s’offrant ainsi une profondeur historique (et, opportunément*, un ancrage culturel européen).

Numérique et médiation scientifique

Mon intervention était organisée en 4 parties. Dans la première, j’ai rappelé les filiations historiques des centres de culture scientifique en France en général, et de la Casemate en particulier : les présentations scientifiques sur les champs de foire au 19ème siècle, la création du Palais de la Découverte en 1937 puis celle de l’Exploratorium à San Fransisco en 1968, et enfin celle de la Casemate et des CCSTI français à partir des années 1980. J’ai raconté cette histoire en détails dans un livre publié à l’occasion des 30 ans de la Casemate: la Science en public, regards croisés à partir de l’expérience du CCSTI Grenoble (PUG, 2010).

Dans la seconde partie, j’ai commencé par expliquer notre intérêt pour le numérique par notre engagement, depuis une dizaine d’années, dans l’expérimentation de dispositifs facilitant la participation des publics dans des sujets sociotechniques controversés, comme celui du développement des nanotechnologies. J’ai évoqué: 
  • L’expérience « papier-crayon » dans notre Expo Nano : à lire l'article de Marie-Sylvie Poli et Pascale Ancel dans lettre de l’OCIM n°118 "Opinion publique et nanotechnologies" (PDF)
  • Les ateliers de type "jeux de discussion" comme Play Decide (www.playdecide.eu) sur différents sujets, dont les xénogreffes par exemple ; 
  • Les concours photo et vidéo FUTU et SITU destinés à intégrer des réalisations de jeune au sein d’une exposition en cours de création (voir teaser vidéo ci-dessous, et les vidéos réalisées sur la chaîne YouTube de la Casemate).

Ma troisième partie était consacrée d’une part aux expositions Arts-Science présentées ces dernières années à la Casemate : « les mécaniques poétiques d’EZ3kiel » (2009) [voir diaporama] et « XYZT, les paysages abstraits » (2011) d’Adrien Mondot et Claire Bardainne [voir vidéo sur Viméo] qui offrent un visage inédit et émotionnel des technologies numériques et, d’autre part, à la transformation actuelle du plateau central de la Casemate en un Fab Lab ouvert à tous les publics (lire "Faites-le vous-mêmes au Fab Lab de la Casemate"). 

Enfin, j’ai conclu sur une brève présentation du projet INMEDIATS, porté par un collectif de 6 centres de sciences français. J’ai présenté le réseau social territorial ECHOSCIENCES GRENOBLE qui vient d’être mis en ligne (le 12 mars 2012) et fait le lien avec l’ouverture d’Expo Fab Lab à la Casemate, 2 projets qui s’inscrivent dans la dynamique INMEDIATS.

A noter : cette conférence fut augmentée d’une performance musicale d’Arnaud Eeckhoud, organisée avec le soutien de Transcultures. Un mix exécuté directement sur le site www.freesound.org, bibliothèque de sons open source, détournée avec brio pour l’occasion !

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Notes :
* La nouvelle politique de confidentialité imposée par Google à ses clients inquiète l'Union Européenne, qui souhaiterait "une pause" dans sa mise en oeuvre afin d'évaluer les risques potentiels sur les libertés des citoyens européens (source).

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