"Sans remettre aucunement en cause la pertinence de votre action, et son intégration dans le cadre du réseau régional des CCSTI, je me dois de vous informer que, dans le contexte budgétaire actuel, la DRAC ne pourra désormais plus soutenir ce programme" [les actions du CCSTI Grenoble]
Les autres centres financés en région ont reçu le même courrier. Exit donc le financement de 10 000 euros que la DRAC nous attribuait chaque année ! Etrange politique pour un gouvernement qui s'enorgueillit de "relancer l'Europe" en misant plus que jamais sur l'innovation et la connaissance...
Et ce n'est pas tout ! Les coupes sèches ne concernent pas que la culture scientifique mais aussi les actions culturelles en milieu rural et la culture multimédia. Là encore, absurdité que d'affaiblir un secteur déjà fragile, et au cœur d'un des plus profonds processus de transformation de nos sociétés de ces 30 dernières années. L'innovation tant espérée par nos dirigeants passe notamment par internet, les réseaux numériques - l'informatisation de la société, comme on disait dans les années 80. Supprimer les crédits à des structures culturelles qui questionnent et diffusent ces pratiques et concepts semble aller à contre-courant des aspirations vers une "société de la connaissance" !
Réagir. Tous les acteurs de la culture multimédia en France se rassemblent et appellent à une mobilisation pour un réexamen par la Ministre de la Culture de cette décision. Une pétition en ligne est ouverte sur le site de la toute nouvelle Fédération Nationale des Acteurs "Culture Multimédia" [www.culture-multimedia.org], qui regroupe déjà 1324 signataires. Et le 18 février prochain, à 10h30 à la Maison Populaire de Montreuil, célèbre Espace Culture Multimédia (ECM), une assemblée générale est programmée pour décider collectivement des actions à entreprendre pour lutter contre ce désengagement financier de l'état [plan d'accès].
Qui se souvient du Quai des Clics ? Nous nous sentons particulièrement concernés à Grenoble, car nous avons été l'un des premiers ECM à ouvrir en France, fin 1998-début 1999. Pendant près de 5 ans nous avons accueilli un public de tout âge pour l'initier à internet, favoriser la créativité, débattre des enjeux, donner la parole aux artistes et mobiliser chercheurs et professionnels... Les nostalgiques peuvent toujours consulter en ligne les fameuses "Grenoble Web Sessions" :)
Hélas, nous avons dû fermer boutique en 2004, faute de crédits... de la Région Rhône-Alpes cette fois-ci, qui considérait, avec la délégation régionale du Ministère de la Recherche (DRRT), qu'il était temps de passer à autre chose. Pourtant, le public était au rendez-vous, les partenaires toujours actifs.
Quel est le problème, finalement ? En coupant les aides publiques aux actions culturelles visant l'appropriation et la critique d'objets et de services innovants, le gouvernement nous pousse vers les entreprises, afin d'obtenir des financements privés. Comment alors conserver l'autonomie nécessaire pour développer une véritable approche culturelle ? Je me souviens de l'opérateur historique de télécoms français qui martelait à longueur de publicité au seuil de l'an 2000 : "Internet, c'est Wanadoo", induisant le public, les consommateurs et les citoyens en erreur. D'où mon refus d'un partenariat permanent avec France Telecom pour le Quai des Clics. Est-ce cela que cherche ce gouvernement ? Que Google nous apprenne à nous informer ?
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CCSTI ECM. Un autre CCSTI, plus robuste, a su résister et maintenir son activité d'Espace Culture Multimédia, c'est l'excellent Espace Mendès France, à Poitiers.
1 commentaire:
C'est vrai que ce qui se passe en ce moment au niveau des budgets culture est catastrophique et conduit même certains (cf Bartabas) à réagir violemment... La culture, comme l'éducation et même la recherche, est désormais soumise aux lois du rendement et du marché. L'effet "Bling-bling" axé sur un contrôle de tout et de tous et, faute de culture et de réflexion, se laissant porter par des raccourcis et des raisonnements simplistes, est vraiment catastrophique. J'espère que ce débat va prendre de l'ampleur sur la place publique.
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