mercredi 23 janvier 2008

Prospective stratégique pour le CCSTI Grenoble

Le Comité de Prospective du CCSTI Grenoble s'est réuni pour la seconde fois lundi 21 janvier dernier.


L’idée de monter ce comité de prospective fait suite à une réflexion sur la nécessité de faire évoluer les pratiques et le positionnement des CCSTI. En effet, il semble qu’on arrive, dans les années 2000, à un tournant dans la culture scientifique et technique. Toute une série de pratiques développées depuis plus de 30 ans ont besoin d’être remises en question, car elles sont fondées sur un principe qui montre ses limites, à savoir que c’est en éduquant le public qu’il sera prêt à accepter et soutenir toutes les recherches scientifiques et leurs applications technologiques (ce que les anglais nomment le « deficit model »). Il suffit d’évoquer les OGM et, maintenant, les nanotechnologies, pour être convaincu que ce principe n’est pas le plus efficace – il est sûrement nécessaire mais pas suffisant. Le social ne peut pas être géré uniquement sous un angle rationnel car nous ne sommes pas des êtres rationnels. La question politique du vivre ensemble se pose également ; la connaissance n’est pas que scientifique.


Cependant, le réseau national des CCSTI (environ 40 en France, voir web de la Réunion des CCSTI) s’est constitué par l’action « bottom up » de militants, essentiellement des scientifiques des sciences exactes (géologues, biologistes, physiciens…), mus par le désir de diffuser leurs connaissances – et non de les soumettre à la critique. Leurs actions, au cours des 30 dernières années, se sont très peu confrontées aux recherches et analyses de leurs confrères des sciences de l’homme et de la société (SHS). Ainsi, le champ de la CSTI en France est très peu réflexif, d’où une visibilité floue, et une réelle difficulté à se projeter collectivement dans l’avenir.


De notre point de vue, à Grenoble, ce qui change c’est le positionnement de nos partenaires « traditionnels » vis-à-vis de la culture scientifique et du CCSTI : universités, centres de recherche, industriels, éducation nationale, collectivités locales, et aussi l’émergence de nouveaux acteurs : ONG, syndicats, etc. Ces changements concernent par exemple nos modes de financement : de la subvention publique de fonctionnement, nous sommes passés à la contractualisation, voire à la prestation de service. D’autres changements se lisent dans les rapports parfois ambigus entretenus par les universités ou les centres de recherche entre communication publicitaire et culture scientifique. Enfin, des changements internes ont aussi lieu : les « militants fondateurs » des CCSTI prennent progressivement leur retraite, laissant place à des acteurs qui se définissent plutôt comme des professionnels de la culture et des médias (au sens large), souvent issus de formations SHS (Sciences Politiques, sociologie, SIC, etc.).


Dans ce contexte, il nous a semblé intéressant de réunir des personnalités à la fois issues de ces différents univers, et motivées par les problématiques « sciences / société », pour tenter de définir, collectivement, la ou les orientations à venir du CCSTI Grenoble dans son contexte. Sachant que la traduction en programmes et en actions reste du ressort de l’équipe du CCSTI, et que cette réflexion de prospective stratégique pourra à son tour nourrir les réflexions de même nature de nos collègues du réseau national.


Téléchargez le Compte-Rendu de la 1ère réunion du Comité de Prospective, le 22 octobre 2007.


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- Pour une définition du "deficit model" (concept anglais) : "This belief has two aspects. The first is the idea that public scepticism towards modern science and technology is caused primarily by a lack of adequate knowledge about science(...)" voir SciDev.net


- Liste des membres du Comité de Prospective du CCSTI Grenoble :

- Jacques Gasqui, vice-président de l'Université Joseph Fourier, Grenoble
- Jacques Joyard, directeur de Rhône-Alpes Génopole
- Yves Le Bars, administrateur de l'IHEST
- Nicolas Leterrier, délégué général de MINALOGIC
- Marie-Sylvie Poli, professeure à l'Université Pierre Mendès France, Grenoble
- Christian Vettier, directeur adjoint de l'Institut Laue Langevin
- Monique Vuaillat, président de la Maison des Enseignants
- Georges Waysand, aministrateur de EUROSCIENCES

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