TERRITOIRES INVISIBLES nous confronte à de multiples valeurs d’échelles et s’articule autour d’une double approche: la première – littérale - propose une déambulation dans les nouveaux champs de création qu’ouvre l'infiniment petit; la seconde – métaphorique - nous invite à explorer à la fois les mondes parallèles et immatériels qui nous entourent et les images mentales que notre imaginaire façonne.
[Extrait du site web de Art Outsider]
Invisible, infiniment petit, jeux d'échelle... il aurait fallu qu'Henri Chapier et Jean-Luc Soret, créateurs de ce festival qui se déroule chaque année à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, vivent dans un monde parallèle pour ne pas s'intéresser aux nanosciences et nanotechnologes ! Car Art Outsider explore les relations Arts / Sciences / Nouvelles technologies depuis son démarrage, en 2001 : arts virtuels, Bio-Art, Space-Art, ... toutes les tendances actuelles des arts technologiques sont abordées.
Pour son édition "NANO", le festival montre des pièces déjà anciennes (classiques ?), depuis le célèbre film "Puissance de Dix" (Powers of ten, Ray Eames, 1977 - qui fait même l'objet d'un site web dédié), jusqu'au Nanomandala de Victoria Vesna (2003), en passant par la Sculpture Microscopique de Ken Goldberg et Karl Bohringer (1996 - photo ci-contre), ou encore Nano-Scape, sculpture interactive invisible de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau (2002). Parmi les oeuvres récentes présentées, signalons Nox Mater, sous-titrée "Etude pour muons et silence", une installation électro-acoustique de Lorella Abenavoll et Nicolas Reeves (oui, le fils de Hubert !), présentée avec le soutien du CUBE (www.lesitedecube.com) - excellent espace de diffusion de la culture multimédia et des arts numériques, qui propose cette année dans le cadre du festival une rencontre publique sur les "Nanofictions".
Pas de "Nano Art" donc, dans ce festival, au sens où l'entend Cris Orfescu, le "pape" US de cette discipline :
NanoArt is a new art discipline related to micro/nanosculptures created by artists/scientists through chemical/physical processes and/or natural micro/nanostructures that are visualized with powerful research tools like Scanning Electron Microscope and Atomic Force Microscope.
[Définition extraite du site NANOART 21]
Quelques exemples d'oeuvres de Orfescu :
Ce Nano Art là consiste plutôt en une approche "bottom up", pour reprendre le vocabulaire technologique, ascendante, où le chercheur est tellement fasciné par ce qu'il observe, tellement émerveillé, que la nature scientifique de son objet disparaît au profit d'une émotion purement esthétique. A tel point qu'il va parfois tenter "d'arranger" la nature pour obtenir une émotion plus forte encore... qu'il va passer des journées (et des nuits) à bricoler son microscope à force atomique ou à balayage électronique, pour "produire" une image qui résonne en lui. On ne dira jamais assez la part de l'émotion comme moteur du travail scientifique.
Le groupe "nanotechnology" sur Flickr en est une des innombrables illustrations, avec des images (de chercheurs) qui ressemblent curieusement à d'autres images (d'artistes) :
L'image du haut est intitulée : Acid rain in the matrix, elle est d'un certain Steve Jurveston, de Menlo Park (USA), ingénieur en sciences des matériaux sans prétention artistique affichée.
L'image du bas s'intitule : Flux nanotyques polychrones, elle est d'une certaine Michèle Crozet, professeur à l'Ecole Supérieure d'Art de Grenoble. C'est l'image d'une installation réalisée par l'artiste à l'occasion d'un exposition Arts/Sciences à la Casemate, en 2005 (voir les autres photos de cet expo : "Quand la science rejoint l'art").
De quoi confirmer, là aussi, l'idée de convergence entre artistes et scientifiques.
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