Science et société : éviter de traiter des faux problèmes ? Dans une introduction salutaire, Joëlle Le Marec, sociologue à l'ENS Lettres Sciences Humaines (Lyon) et responsable du célèbre cluster 14 ("enjeux et représentations des sciences, des technologies et de leurs usages" - voir le site web), a rappelé que les nombreuses recherches en sociologie des sciences ou en sciences politiques de ces dernières années montrent que la réalité du terrain est loin des représentations souvent caricaturales d'un véritable "gouffre" entre science et société. "Les enquêtes montrent qu'on est loin de l’image d’un public résistant et irrationnel, qui risquerait de retarder le développement, car les scientifiques eux-mêmes partagent les doutes, les interrogations et les inquiétudes des autres citoyens." Pour la sociologue, le problème n'est pas dans la rencontre entre science et société, mais dans l'élaboration des modes collectifs de régulation. Qui contrôle aujourd'hui la production des connaissances ? Comment croire encore que le mode de financement de la recherche n'a pas d'impact sur ses résultats ? Comment faire face à la "privatisation" du savoir, lorsque toute nouvelle connaissance peut faire l'objet d'un brevet ?
Quelques pistes pour une meilleure appropriation des sciences par la société. Le CESR plaide pour une meilleure participation des citoyens dans les décisions publiques. Il rappelle judicieusement que "deux principes de base s'imposent à la sphère politique : l'affirmation par les responsables politiques de la volonté d'engager des processus participatifs autonomes, et leur engagement à prendre en compte les propositions et recommandations issues de ces procesus comme éléments d'aide à la décision." Pour le CESR, outre les politiques, 3 publics sont prioritaires : les jeunes, les salariés des entreprises (notamment celles impliquées dans les Pôles de Compétitivité), et les associations de parents d'élèves. Le Conseil a également identifié des "lieux-relais" pour mettre en oeuvre et développer ces processus participatifs. Le CESR lui-même bien sûr, qui constitue une sorte de "panel" socio-économique de la société, les CCSTI (la région Rhône-Alpes est la seule région française à bénéficier d'un réseau de 8 CCSTI), l'école (de la maternelle au supérieur), les médias, les collectivités locales et les associations.
Vers un positionnement plus "sociétal" des CCSTI ? Depuis plus de 10 ans, les CCSTI ont été soutenus et accompagnés dans leur développement par le CESR Rhône-Alpes. Cette nouvelle interpellation n'est donc pas à prendre à la légère. Le conseil propose d'évoluer vers "de nouvelles pratiques de co-construction pour une représentation plus large de la société dans les comités de pilotage et les processus de conception d'actions" et "un positionnement plus sociétal, moins formel, pour être un espace de médiation, d'information, de rencontre et d'expérience". Ce nouveau positionnement permettraient aux CCSTI de "sensibiliser, éclairer et questionner la culture de l'innovation au niveau des usagers, citoyens et consommateurs, et pas seulement des scientifiques."Une démarche dans laquelle le CCSTI de Grenoble s'est déjà engagé, à travers des actions comme les débats publics Nanoviv ou la réalisation de l'exposition itinérante EXPO NANO. Mais la route est encore longue pour sortir du pédagogisme, voire du prosélytisme, sans lesquels certains scientifiques ne sauraient imaginer un dialogue avec
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