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dimanche 5 janvier 2014

Quelles tendances pour la culture scientifique en 2014 ? (1/3)

Le démarrage d’une nouvelle année (et les congés qui vont souvent avec) donne l’occasion de prendre un peu de distance par-rapport à son activité quotidienne et de s’interroger, par exemple, sur les grandes tendances qu’on décèle pour les mois à venir. Ambitieux programme un poil présomptueux, l’exercice de la prospective vise à ouvrir la discussion avec vous plutôt qu’à asséner des vérités que l’avenir se chargera de déconstruire…

Premier épisode : les tendances décelées par Google. Je tape 3 mots-clés dans l’outil Google Trends : CCSTI, Fablab, art et science. Bien sûr, ce sont les sujets qui m’intéressent et dont nous reparlerons par la suite. Surprise ! Sur la période de janvier 2004 à décembre 2013, pour la zone France, on observe une chute assez sévère de l’intérêt pour la recherche de « CCSTI » de 2004 à 2009, puis une stabilisation environ au dixième de l’intérêt pour cette recherche de 2009 à 2013 (voir schéma ci-après). L’intérêt pour la recherche sur « art et science » démarre, toujours selon Google, seulement en novembre 2007, et suit environ le même régime que « CCSTI » pour les années suivantes, c’est-à-dire, un intérêt (très) faible.



Comparativement, l’intérêt pour le sujet « Fablab », inexistant (pour Google) jusqu’en janvier 2011, connaît un succès inverse à « CCSTI » et s’envole littéralement à partir de juillet 2012 pour atteindre, de façon quasi symétrique et en l’espace d’une année, les mêmes sommets que « CCSTI » de juin 2004 en novembre 2013 (sûrement l’effet de l’annonce des résultats de l’appel à projet national lancé par Fleur Pellerin). Que conclure, pour 2014, d’un tel graphique ?

Vraisemblablement pas grand chose (même la fonction « prévisions » de Google reste inactive). Surtout si on tente de comprendre ce que signifient les chiffres proposés par Google Trends (en gros un pourcentage relatif au nombre de recherche le plus élevé sur la période considérée – si vous n’avez rien compris, n’hésitez pas à lire les explications proposées par Google). En même temps, la répartition géographique me pose question : est-ce parce que je suis en Rhône-Alpes que cette région apparaît en tête des recherches (pour « CCSTI » et « Art et science ») ? Un rapide coup d’œil à l’onglet « fablab » place les régions Midi-Pyrénées et Bretagne devant Rhône-Alpes, ce qui me semble traduire une certaine réalité avec le fablab Artilect à Toulouse et toutes les actions de ScienceAnimation sur la région, ou encore le dynamisme breton en la matière porté par Rennes (entre autres).


Pas grand-chose à se mettre sous la dent donc, via Google Industries, si ce n’est d’une part la confirmation pour un intérêt récent et exponentiel pour les Fablabs (mode passagère ?) et, d’autre part, le relatif désintérêt pour la marque « CCSTI », abandonnée, il faut le souligner, par nombre de structures très dynamiques par ailleurs (CapSciences, Relais d’science, Exploradome, etc.) au profit de l’appellation « centre de science » (traduction littérale de l’anglais international Science Centre).

Et ailleurs, en Europe ?


Il faudra attendre mai 2014 et la prochaine conférence annuelle du réseau européen ECSITE pour en savoir plus sur les tendances dans notre domaine à l’échelle internationale. En effet, depuis plusieurs mois, au sein du comité de programme de cette conférence, nous avons lancé un groupe de travail sur les tendances de la culture et de la communication publiques des sciences et des innovations, en association avec le projet européen PLACES. Des chercheurs de l’université de Dublin nous accompagnent pour analyser, à partir des contenus des conférences annuelles ECSITE et de celles du réseau PCST (Public Communication on Science and Technology - un réseau international de chercheurs sur la CSTI), les principales dimensions de nos actions. Sans dévoiler ce qui sera discuté au Museon à La Haye (Pays-Bas) en mai prochain, on peut dire qu’une des grandes tendances de ces dix dernière années consiste à travailler du côté de la participation et de l’engagement des publics dans les actions de CSTI plutôt que de rester, de manière classique, sur les notions d’éducation (y compris informelle) aux sciences… Il semblerait que le « tournant de la participation » diagnostiqué par les science studies dans les années 90 diffuse – enfin ? – dans le monde de la culture scientifique.

2014, année de la participation ? de la co-construction de la culture scientifique avec les publics ? Et vous, qu’en pensez-vous ?

*** à suivre : quelles tendances pour arts et sciences en 2014 ? ***

PS : pour patienter jusqu'en mai et participer à la 25ème conférence annuelle ECSITE, Maarten Okkersen et son équipe du Museon ont eu l'idée amusante de publier chaque semaine une vidéo à base d'interviews des participants de la conférence de 2013. Ces vidéos sont diffusées sur le site de ECSITE pendant les 25 semaines précédents la conférence (exemple ci-dessous). Enjoy :)

mardi 27 décembre 2011

Les 10 évènements marquants de la CSTI en 2011

Les fins d'années sont propices aux récapitulatifs rétrospectifs. S'il ne fallait conserver de l'année 2011 que 10 évènements pour le milieu de la culture scientifique en France, lesquels choisiriez-vous ? Je me suis plié à l'exercice, entre bûches de Noël et bulles du réveillon. Voici ma sélection, forcément subjective, partiale et arbitraire - et je l'assume ! Qu'en pensez-vous ? Auriez-vous fait les mêmes choix ? Qu'auriez-vous retenu, vous, de cette année 2011 ?

NUMBER ONE : SUPER SUPRA

2011, c'était le centenaire de la découverte de la supraconductivité, avec un joli site ludique du CNRS (et un plus sérieux pour regrouper toutes les manifestations). Le public a pu (re)découvrir et expérimenter la lévitation sur aimant supraconducteur grâce au Magsurf à Paris (vidéo ci-dessus) ou au lévitateur humain (photo) à Grenoble. L'occasion de rêver sur de futures applications pour les transports - dont les images ont colonisé notre imaginaire depuis déjà des décennies. Ah, les voitures volantes !!! (Lisez le beau catalogue de l'expo montée par Patrick Gyger alors qu'il était encore directeur de la Maison d'Ailleurs à Yeverdon-les-Bains).

#2 LIAISONS DANGEREUSES
2011, c'était aussi l'Année Internationale de la chimie. Conférences, expositions ('Tout est chimie" de Centre Sciences, "Chimie même pas peur!" à La Turbine), débats, colloques, jeux de piste, évènements divers notamment à l'occasion de la fête de la science... quelques controverses aussi - il faut dire que la chimie le mérite bien - comme le coup de gueule de Richard Emmanuel-Eastes sur Knowtex, "contre une image édulcorée de la chimie".

#3 LA CULTURE SCIENTIFIQUE, UN INVESTISSEMENT D'AVENIR
Rentrée Septembre 2011. Les ministres de l'éducation nationale, de la culture, de l'enseignement supérieur et de la recherche, de la ville, de l'industrie, et le commissaire général à l'investissement rendent publique la liste des projets sélectionnés suite à l'appel à projet CST/Egalité des chances (dont j'ai déjà parlé ici). 12 projets sont retenus et financés pour une durée de 4 ans (liste) dont le projet INMEDIATS (innovation, numérique, territoires) porté par Cap Sciences, Relais d'Sciences, Espace des Sciences, Science Animation, Universcience et... le CCSTI Grenoble ! :-D

#4 CULTURE SCIENTIFIQUE ET CULTURE NUMÉRIQUE
2011 aura été l'année des croisements et rapprochements entre acteurs de la CSTI et acteurs du numérique. On retiendra la fin de la résidence Museolab 3 initiée par le living lab ERASME, l'énorme journée "Imaginaires du savoir" proposée par Cap Sciences à Bordeaux, la journée "Médiation culturelle des sciences sur le web" à l'Université de Lyon avec une soirée délocalisée du Grand Mix animée par Knowtex, et bien sûr l'évènement Muséomix au Musée des Arts Déco à Paris (voir par exemple le projet "Rhino" dans la vidéo ci-après).



#5 L'ANNEE TWITTER
Dans la foulée, des institutions, des pro, des étudiants en CSTI ont créé leur compte Twitter : la Turbine (@CCSTI74), Relais d'Sciences (@relaisdsciences), Science Animation (@ScienceAnim), et récemment l'Espace Pierre Gilles de Gennes (@ESPGG). Des hashtags tels que #cstloub ont fait leur apparition, pour regrouper les twits des étudiants du Master de com scientifique et technique de l'université Stendhal de Grenoble... Parmi les twittos les + actifs : Sébastien de Cap Sciences (@z3zone), Malvina de Science Animation (@MalvinaArtheau), Bruno de Relais d'Sciences (@Brunodoss14). De mon côté, je twitte via @LaurentChic ;-)

#6 LANCEMENT DE L'EUROPE DES VILLES DE LA CSTI
Septembre 2011, Paris. 1ère conférence plénière du projet européen PLACES (site web), coordonné par les 3 grands réseaux continentaux de CSTI (ECSITE, EUSEA, ERRIN) et l'Observatoire de la communication scientifique de l'Université Pompeu Fabra de Barcelone. Près de 70 villes impliquées, associant élus locaux et acteurs de CSTI, dans l'objectif de consolider et démultiplier les politiques locales de communication scientifique. C'est la plus grande mobilisation d'acteurs locaux jamais réalisée à l'échelle européenne, en dehors d'évènements de type Fête de la science ou Nuit des chercheurs. L'opportunité de travailler dans la durée...

#7 EXPO SACRE SCIENCE ! CROIRE OU SAVOIR...
13 mars 2011, le Muséum de Neuchâtel ouvre sa nouvelle exposition "sur la science, ses méthodes et ses limites, entre savoirs et croyances." (site web). Comme à son habitude, l'équipe de Christophe Dufour crée l'évènement. Ils nous plongent cette fois-ci au coeur de la démarche scientifique, confrontant savoirs et croyances, questionnant par une scénographie créative nos représentations et schémas de pensée. Indispensable ! à voir  jusqu'au 21 décembre 2012.

#8 EXPO XYZT, LES PAYSAGES ABSTRAITS
Autre expo qui aura marqué 2011, XYZT, les paysages abstraits d'Adrien Mondot et de Claire Bardainne (site web) présentée à la Casemate à Grenoble d'octobre à fin décembre. Fréquentation record (plus de 7000 visiteurs) pour ces univers étranges mêlant un virtuel sobre, noir et blanc, au réel et à ses mouvements. Un travail au croisement entre arts et sciences, interaction et contemplation, merveilleux et informatique...

#9 EXPO MATHEMATIQUES, UN DÉPAYSEMENT SOUDAIN
Dernière expo que je retiendrais de 2011, celle de la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain sur les maths (site web). Certes, on a connu David Lynch plus inspiré, mais cette expo sur les sciences dans un lieu consacré à la création contemporaine traduit bien l'esprit de notre époque, à la recherche de nouvelles alliances entre arts et sciences, pour élaborer de nouvelles grilles de lecture de notre culture contemporaine. Regarder et écouter Cédric Villani filmé par Raymond Depardon et Claudine Nougaret, un vrai régal ! Lisez l'excellent catalogue si vous n'avez pas la possibilité de la voir à Paris (jusqu'au 18 mars 2012).
Mathématiques, un dépaysement soudain. Photo Olivier Ouadah. 
#10 VOTONS POUR LA SCIENCE !
Pour terminer ce palmarès, je retiens l'initiative de la très active communauté des bloggeurs de science (C@fe des sciences), avec le site Votons pour la science, lancé pour animer le débat et questionner les candidats à l 'élection présidentielle de 2012 sur leur politique scientifique et leurs visions des sciences en société. Une belle initiative citoyenne et de médiation, qui mérite d'être mieux connue. Faites passer !

J'espère que cette sélection personnelle vous aura rappelé de bons souvenirs, vous aura fait penser à d'autres évènements mémorables de 2011. N'hésitez pas à commenter, critiquer, compléter... et bonne année 2012 à toutes et à tous !

mardi 4 janvier 2011

2011: quelles tendances pour la culture scientifique?

Que lisez-vous sur cette carte ? (voir plus bas)
A quoi va ressembler l'année 2011 ? Pour tous les amateurs, professionnels et pro-am de la culture scientifique,  2011 pourrait bien marquer un tournant, une étape sur une feuille de route à la destination finale inconnue, mais dont les jalons s'amoncellent, souvent de façon désordonnée, voire contradictoire.

D'abord, sera-t-il toujours pertinent de parler de "culture scientifique" en 2011 ? Claudie Haigneré, actuellement présidente d'Universcience, semble penser que oui. Elle vient en effet de publier un "Plaidoyer pour une culture scientifique" aux éditions Le Pommier, regroupant des contributions des principaux intellectuels français ayant des choses à dire sur les sciences en société (d'Etienne Klein à Michel Serres, de Bernard Stiegler à Jean-Claude Ameisen, de Jean-Pierre Luminet à Edgar Morin - remarquons au passage que ni Dominique Pestre, ni Bruno Latour, ni Jean-Pierre Dupuy ni signent un tel manifeste). Néanmoins, la culture scientifique dans son acception traditionnelle n'a pas le vent en poupe. Qu'on suive les réflexions du groupe de concertation transversale "Sciences et société" du ministère de la recherche, ou qu'on écoute les nouvelles directives issues de certaines stratégies régionales pour l'enseignement supérieur et la recherche, il faut bien se rendre à l'évidence, pour de nombreux décideurs, la dimension culturelle des sciences frise le hors sujet. Ils attendent de nous plutôt un maillage entre attentes sociales, représentations collectives, innovations technologiques et nouveaux modèles industriels. Le monde ne se découpe plus en deux catégories de personnes bien distinctes (l'a-t-il jamais été?), d'un côté les obscurantistes, en proie à toutes sortes de "fausses" croyances, et de l'autre, les "citoyens éclairés", agissant de façon rationnelle selon les principes de la Science Universelle. Cette vision, qui trouve encore hélas des adeptes parmi nous, est totalement dépassée en 2011. Tout comme la tendance à rebaptiser platement les actions de culture scientifique en actions "sciences et société". Comme si les changements sémantiques ne signifiaient rien... Nous manquons de débats et de réflexions collectives sur ce sujet ; pourquoi ne pas engager de telles discussions en 2011 ?

Carte de veux 2011 de l'Espace des Inventions (Lausanne)
Quelles sont les tendances 2011 pour la culture scientifique ?  Evidemment, il y a l'appel d'offre national de la commission des investissements d'avenir. 50 millions d'euros d'investissement dans la CSTI, du jamais vu dans toute l'histoire de France ! Mais qui est réellement en capacité de postuler pour de telles sommes, à part les grosses structures ? Une partie de la réponse réside sûrement dans la constitution de réseaux d'acteurs. Nous en aurons un aperçu dès le 28 février, date de la première échéance. Le dossier pour postuler est à télécharger sur le site de l'ANRU. Au-delà, il y a la mise en route du "pôle national de référence" que constitue Universcience (nous en avons déjà largement parlé dans ce blog). La bonne nouvelle de ce début d'année, c'est le recrutement de notre collègue Laure Chemery (ancienne du Forum départemental des sciences de Villeneuve-d'Ascq, et responsable jusqu'ici de la Banque des savoirs du département de l'Essonne) dans l'équipe de préfiguration de ce pôle national. Bonne nouvelle car Laure connaît bien notre secteur, et n'a pas qu'une vision parisienne de la CSTI ! La moins bonne nouvelle, c'est que dans un contexte de resserrement budgétaire de tous côtés, avec ce qui ressemble fortement à une "re-centralisation" des services de l'Etat, toutes les organisations qui agissent pour la diffusion de la culture scientifique et la création d'une société équitable de la connaissance vont connaître de fortes contraintes financières. L'engagement militant n'en sera que renforcé - à moins que les énergies s'essoufflent et cèdent face aux coupes budgétaires. A nous d'inventer de nouvelles formes de mutualisation et de solidarité entre petits et gros, urbains et ruraux, universitaires et associatifs !

Sur le plan Européen, 2011 sera l'année de la liberté ! C'est en effet le thème choisi par le réseau ECSITE pour sa conférence annuelle. Rendez-vous les 26 et 28 Mai prochains, au tout nouveau centre de science Copernicus, à Varsovie. (Ce centre a été inauguré le 5 novembre dernier par un spectacle de Peter Greenaway, comme quoi l'approche culturelle des sciences a encore de beaux jours devant elle !) En forte résonance avec l'histoire de la Pologne, ce thème de la liberté sera aussi décliné dans la science par des conférenciers de haut vol - les noms de Craig Venter ou encore d'Alfred Spector, VP Recherche chez Google ont été évoqués... à suivre !

Enfin, parmi les voeux de 2011, formulons celui d'une encore plus forte appropriation des outils et méthodes du numérique par les acteurs de la culture scientifique. Dans ce début de siècle dont l'histoire future gardera inévitablement l'explosion d'internet et des nouveaux réseaux/ nouvelles pratiques de communication, d'information, d'éducation, de divertissement, de mobilisation citoyenne (etc.) comme l'un des évènements majeurs, il est temps pour les militants de la diffusion des connaissances et du questionnement des savoirs d'investir et de maîtriser ces réseaux. Il faut développer l'initiative prise par un collectif de jeunes professionnels du net fin 2010 de rapprocher culture scientifique et culture numérique ("le grand mix" - voir vidéo compte-rendu de Knowtex). Il faut s'inspirer des modes de fonctionnement, de partage, de mutualisation, de solidarité, portés par ces réseaux - lesquels s'inspirent bien des pratiques muséales, pour preuve le tout récent développement de pratiques de "curation", terme emprunté au monde de l'art contemporain et des musées.

C'est aussi en regardant par-delà nos horizons et nos habitudes que 2011 révélera toute sa saveur! Bonne année à toutes et à tous ! Et n'hésitez pas à échanger vos visions pour 2011 sur ce blog ;-)
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Merci à l'Espace des Inventions de Lausanne d'être chaque année aussi créatif et décalé dans sa communication ! http://www.espace-des-inventions.ch/

lundi 30 mars 2009

Time for nano : c'est parti !

Time for nano kick-off meeting

Il y a quelques jours s'est déroulé à Bristol, Royaume-Uni, le séminaire de démarrage du projet européen "Time for nano" - selon les usages en cours pour la dénomination des projets européens, "time" est bien sûr un acronyme qui signifie : "Tools to Increase Mass Engagement" for nanotechnology (qu'on pourrait traduire par : outils pour développer l'appropriation massive des nanotechnologies). Laissons de côté ce titre aux accents propagandistes (mass engagement) pour s'intéresser aux premières pistes qui ont été balayées lors de cette réunion. Projet destiné aux jeunes de 8 à 18 ans d'un bout à l'autre du continent, Time for nano s'appuie sur un regroupement de 13 institutions, représentant 10 pays dont la Pologne, la Turquie, la Slovénie ou encore la Finlande. Doté d'un budget global de 1.640.000 euros, financé à 90% par la Commission Européenne, ce projet est programmé pour une période de 2 ans et demi, jusqu'en Août 2011. Il constitue l'une des 4 propositions retenues et financées par la Commission à l'issue de l'appel d'offre lancé en 2008 dans le 7ème programme-cadre sur la thématique "support to outreach and communication in nanotechnology" (soutien à la diffusion et à la communication des nanotechnologies).

Time for nano kick-off meeting

Nano-Kit et Nano-lympiades. En résumé, ce projet vise à diffuser une meilleure connaissance des nanosciences et des nanotechnologies auprès des jeunes européens, et surtout de leurs enjeux et applications. Organisé autour de 5 thèmes constituant autant de "dilemnes" (dilemnas) : santé et nanomédecine, environnement et énergie, sécurité et libertés individuelles, éthique et transformation de l'Homme, et fracture "nano" entre riches et pauvres, Time for Nano propose de diffuser plusieurs centaines d'un "nano-kit" aux réseaux d'éducation et de culture scientifique à travers l'Europe. Ce nano-kit - on pourrait dire "valise pédagogique" en France - devrait comprendre des objets issus d'applications "nano", des fiches de manips, des jeux, des CD-Roms, des vidéos, etc. (voir slide Nano-Kit). Il servira de support à la réalisation de la seconde partie du projet, les "nano-lympiades" ou, plus simplement, des concours organisés via internet, basés sur une participation "créative" des jeunes aux 5 débats/dilemnes énoncés plus haut. Ainsi, chaque année, pourraient revenir sur la scène pédagogique et médiatique européenne les "Jeux Nano-lympiques en ligne"...un concept qui reste encore à creuser !
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Pour en savoir plus sur ce projet : www.timefornano.org
Point de contact France : CCSTI Grenoble La Casemate
Contact : Laurent Chicoineau (laurent.chicoineau[at]ccsti-grenoble.org)

jeudi 9 octobre 2008

Conférence Annuelle ECSITE 2009

La 20ème conférence annuelle du réseau européen ECSITE qui fédère près de 350 organismes et institutions impliquées dans la culture scientifique : musées de science, CCSTI (ou "science centre"), associations, universités, organismes de recherche, se déroulera du 4 au 6 juin 2009 à Milan, au Musée national des sciences et techniques Leonardo da Vinci. Le thème choisi pour ce 20ème congrès est : "ECSITE 2.0 R/evolution/s" - tout un programme auquel tout acteur en Europe mobilisé sur les interactions entre sciences et sociétés peut contribuer. Vous avez jusqu'au 15 octobre 2008 pour soumettre une contribution directement en ligne. J'aurais le plaisir d'animer une session autour de la thématique "nano" avec mes collègues de la Città Della Scienza de Naples, du Deutsches Museum de Munich et de la Commission Européenne. Ce sera l'occasion pour nous de présenter de nouveaux projets financés par l'Europe : Time for nano, Nano to touch, ou encore Nanoyou. Rendez-vous à Milan en Juin prochain !
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Site web de la Conférence : ECSITE Annual Conference

lundi 9 juin 2008

ECSITE Annual Conference 2008

ECSITE Annual Conference 2008

La 19ème conférence annuelle du réseau européen ECSITE s'est déroulée du 29 au 31 mai dernier, dans les locaux du Muséum d'Histoire naturelle de Budapest (Hongrie). L'occasion de faire un état des lieux des pratiques et réflexions en cours dans les musées et "centres de science" (=CCSTI en français) de Lisbonne à Vantaa (Finlande), avec des regards de New York, Rehovot (Israël), ou encore Bhopal (Inde).

ECSITE Annual Conference 2008 ECSITE Annual Conference 2008 ECSITE Annual Conference 2008

Les centres de science, complices de la normalisation du monde ? Premier constat, en découvrant les stands ou animations proposés par des centres de science de différents pays : un curieux sentiment de standardisation. Bien sûr, "la science ne connait pas de frontière", et sa dimension universelle - bien que soumise continuellement à la critique - paraît encore s'imposer, malgré la diversité des cultures. Cependant, en matière de culture scientifique, il est intéressant de constater qu'un modèle domine largement, celui de l'Exploratorium et du "hands-on museum", très anglo-saxon, dont on retrouve à peu près les mêmes manips partout. "Quand un modèle fonctionne, pourquoi vouloir en trouver un autre ?" nous dit l'avocat du diable. Certes. Mais d'un autre côté, le risque de cette normalisation, serait de réduire les modes de médiation à un seul, parfois très éloigné de la culture locale, et considérer que tous les Terriens raisonnent (et apprennent, et comprennent, et s'interrogent...) de la même façon. Cette question de la prise en compte de la diversité culturelle dans les centres de science a été discutée dans l'atelier du vendredi matin, qui se déroulait dans la "salle rose" du Muséum, et qui était intitulé : "Socially engaging exhibits" [manips favorisant les interactions sociales]. Wendy Pollock, responsable des expositions et des publications à l'ASTC (Washington DC, USA - profil complet sur exhibitfile) a fait un brillant exposé sur ce thème, s'appuyant sur des exemples rassemblés dans son dernier ouvrage "Visitor voices in Museum Exhibitions". Pour ne pas transformer les centres de science en Mac Donald's de la culture scientifique...

Combien de Français ? Parmi les 800 participants à cette conférence annuelle, 80% viennent d'un pays de l'Union Européenne. En tête : les Anglais, avec 100 personnes inscrites, puis les Italiens (qui assurent la Présidence de ECSITE actuellement et s'apprêtent à accueillir, à Milan, la conférence annuelle de l'an prochain), les Allemands et, en 4ème position, les Français. [cliquer sur le graphique ci-dessous pour lire la répartition des participants selon les pays]

Parmi la "délégation" française, entre guillemets car non formelle, chacun faisant bien ce qui lui plait, un gros tiers est issu de la Cité des Sciences et de l'Industrie [voir graphique ci-dessous], le reste s'éparpillant entre organismes nationaux (Muséum, Cité de l'Espace, Palais de la Découverte), services universitaires (Montpellier, Strasbourg) et presque exclusivement des CCSTI thématiques (Nausicaa, Le Vaisseau, Palais de l'Univers), à l'exception du Forum des Sciences (Villeneuve d'Ascqu, 59) et du CCSTI Grenoble. Hormis la Cité des Sciences, chaque structure est représentée en moyenne par 1 ou 2 collaborateurs. Bien que déformée, cette image me semble représentative d'une certaine réalité du microcosme de la CSTI française : l'imposante présence de la Cité des Sciences, dans tous les domaines, avec un émiettement d'acteurs aux moyens notablement inférieurs...

"When science meets hooligans: how to manage the opposition of radical groups" A l'invitation de mon ami Guglielmo Maglio, chef de projet "Sciences et société" à la Fondation IDIS-Città della Scienza à Naples (Italie), je suis intervenu dans un atelier du vendredi après-midi, à propos des "hooligans", c'est-à-dire des opposants radicaux à certains développements scientifiques et technologiques contemporains. J'ai présenté le cas grenoblois des opposants aux micro et nanotechnologies [voir le support de ma présentation ci-dessous]. Une "failure story" finalement (histoire d'échec), car nous n'avons jamais réussi à établir le contact avec ces opposants, autrement que par invectives dans la rue... Mais est-ce vraiment le rôle des CCSTI que d'aller vers les militants anti-science les plus radicaux ? Je n'en suis pas convaincu. A mes côtés, Rosina Malagrida, du Parc Scientifique de Barcelone, a exposé les difficultés qu'elle a rencontrées avec des opposants Catalans à deux reprises : lors d'une exposition sur les thérapies géniques, et lors du projet Nanodialogue. Enfin, pour changer de style d'opposants, et passer des anarchistes et deep ecologists aux intégristes catholiques, Michele Lanzinger, directeur du Musée des Sciences Naturelles de Trente (Italie) nous a raconté la mésaventure, hélas maintes fois entendues, de son exposition sur l'évolution de l'Homme "La scimmia nuda" (Le singe nu). A la veille de l'année Darwin, on mesure l'ampleur du travail qui reste à accomplir ! Dans le débat qui s'est ensuivi, un collègue du Centre for Life (Newcastle), nous a conseillé de "sortir discuter au café [au pub] avec les opposants, et de ne pas les qualifier de hooligans"... Je peux témoigner que même au bar, ils refusent la discussion - et je ne les ai pourtant jamais qualifié de hooligans !

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Si rencontrer d'autres pratiques et d'autres manières de voir les rapports entre sciences et société vous intéressent, rendez-vous en juin 2009, à Milan, pour la 20ème conférence annuelle du réseau ECSITE ;-)
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Pour en savoir plus : www.ecsite.net