Le département informatique de l'Université de Columbia (USA) a présenté au dernier salon SIGGRAPH, en Août dernier, un logiciel étonnant permettant de changer automatiquement les visages des personnes prises en photo. Finis les floutés disgracieux ou les scènes avec des personnages de dos ou dans l'obscurité - et surtout finie la diffusion sur internet d'images d'individus prises à leur insu. Présenté comme un outil efficace pour la protection de la vie privée, ce logiciel répond au doux nom de "face swapping" mais n'est, à ma connaissance, pas encore accessible à tous. L'exemple ci-dessus illustre la fonction de "désidentification" (de-identification). L'image du haut est l'image de référence (un groupe de 4 copains pris en photo dans une soirée). Elle est alors passée à la moulinette du logiciel pour donner automatiquement l'image du bas, construite à partir d'un "stock" de visages standards... Impossible de reconnaître ensuite les individus ; peu importe donc si, dans 20 ans, quelqu'un s'amuse à ressortir cette image pour tenter de faire pression sur l'un des sujets photographiés. Voici donc un système qui permettrait de garantir ce fameux "droit à l'oubli" qu'Alex Türk, Président de la CNIL, évoquait dans une récente interview accordée au journal Télérama.
Cette technique appartient à la famille des techniques "d'obfuscation" nous apprend Daniel Kaplan dans Internet Actu.net. Des outils dont Google serait aussi à la recherche, car son application "Street View", qui permet de découvrir des photos prises dans la rue à 360° dans plusieurs grandes villes, rencontre une certaine hostilité, notamment en Europe. En effet, si Street View permet de voir les rues, elle permet aussi de voir avec précision les gens qui s'y promènent et ce qu'ils y font. Le Face swapping rendrait l'anonymat aux passants photographiés à leur insu... et éviterait pas mal de problèmes juridiques à Google.
Voici un exemple parmi d'autres d'une réponse technologique à une question technologique ;-) Certains pourront y lire l'absurdité ou la schizophrénie de notre époque (cette technologie rappelle furieusement celle du "complet brouillé", imaginée il y a 30 ans par Philip K. Dick dans "Substance mort", roman halluciné où des individus sont "désidentifiés" par un costume qui brouille leur image par diffusion permanente d'images d'autres individus). En tous les cas, cette question des libertés individuelles à l'épreuve des réseaux numériques et des "environnements intelligents" sera au cœur d'une de nos prochaines expositions, prévue pour 2010, dans le projet européen NanoYou. A suivre !...
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Via InternetActu, Quand les technologies de l'Artefact nous submergeront.
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